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British Shorthair Article écrit
par Catherine Bastide Costes, paru le 21/08/2002 sur
http://www.aniwa.com Amateurs de chats bizarres, le British Shorthair n'est pas pour
vous ! Avec ses rondeurs rassurantes et sa fourrure moelleuse, ce doyen des
chats de race évoque irrésistiblement les peluches de l'enfance.
Il
y a des races de chats qui résistent au temps et à la mode. Bien campé sur ses
solides petites pattes, le British Shorthair est de celle-là. Officiellement
reconnu en même temps que la félinotechnie moderne, il y a 130 ans, ce pur
produit britannique a résisté aux assauts de dizaines de races exotiques pour
parvenir presque intact jusqu'à nous. Des jardins anglais au Crystal Palace, on pense que les premiers
chats qui ont débarqué sur les îles britanniques sont arrivés dans l'Antiquité à
bord de navires romains. Ils s'y sont installés en s'adaptant à leurs nouvelles
conditions de vie, sans doute fort différentes de celles des rives de la
Méditerranée. Ils développèrent, notamment, une fourrure double et imperméable
qui avait pour mission de les protéger de la légendaire pluie d'Albion. Même si
ces chats étaient appréciés pour leur indéniable talent de chasseurs, ils
n'étaient pas élevés sous le contrôle des hommes mais vivaient en semi-liberté,
soumis à la plus féroce des sélections, celle de la nature. Seuls les plus forts
survivaient et les plus habiles.
Ainsi la campagne anglaise abritait un grand nombre de chats aux
couleurs variées qui avaient comme points communs un physique de fort des halles
et une épaisse fourrure, quand, au milieu du XIXe siècle, quelques personnes
plus attentives que les autres commencèrent à faire attention à eux. A
l'étranger, et notamment en France, des chats de race Angora, appelés aussi « de
Perse », faisaient la joie de la belle société depuis longtemps déjà et il
sembla naturel que l'Angleterre, pays d'élevage s'il en est, mette à l'honneur
ses chats nationaux. En
1870, Harrisson Weir eut l'idée de rassembler un échantillon des plus beaux
chats anglais. « Je pensais qu'il serait bien de montrer différentes races de
chats, la variété de leurs couleurs et de leurs marquages, dans une exposition
féline, car on leur prêterait davantage attention. On regarderait aussi notre
chat domestique, celui qui se couche au coin de la cheminée, sous un jour
insoupçonné faute de l'avoir jamais bien observé et l'on verrait enfin toute sa
beauté et son charme. » Le
hasard faisant bien les choses, Harrisson Weir parla de son projet à un ami, Mr
Willkinson, directeur du Crystal Palace à Londres, et c'est ainsi que les deux
compères jetèrent les bases de la félinophilie moderne en organisant la première
exposition en 1871. Pratiquement tous les chats présents étaient de solides petits
félins ramenés des jardins et des maisons, même si l'histoire rapporte la
présence d'un chat sauvage écossais et de quelques chats à poil long. Le
gagnant, ou plutôt la gagnante, fut une chatte bleu tabby de 14 ans qui
appartenait à Harrisson Weir lui-même. L'exposition annuelle du Crystal Palace
devint une véritable institution qui perdura jusqu'en 1936, date à laquelle la
grande halle de fer et d'acier fut ravagée par un
incendie.
Résister pour durer Comme il fallait bien distinguer les chats anglais des Abyssins,
Siamois, Angoras et autres Persans qui arrivaient de plus en plus nombreux sur
le sol britannique, Harrisson Weir décida de leur donner le nom de « British
Shorthair », c'est-à-dire de « chat britannique à poil court ». Le premier club
de race fut fondé dès 1901. Beaucoup de couleurs étaient déjà reconnues et
décrites avec précision, car cela allait dans le sens de ce qu'avait souhaité
Harrisson Weir : mettre en valeur la diversité et la richesse des chats anglais.
On trouvait ainsi des British blancs, noirs, bleus ou red, des tabby, des
bicolores, des écailles de tortues et même des smoke et des silver. Grâce à
cela, et malgré la concurrence des autres races, le British est resté le chat le
plus populaire en Grande-Bretagne, malgré le choc des deux guerres mondiales qui
décimèrent le cheptel félin anglais. Après ces deux sombres périodes, il fallut ainsi avoir recours à
d'autres races, et notamment aux Persans, pour faire repartir des lignées
pratiquement éteintes. Le British y gagna certainement en robustesse. Sa tête
s'arrondit davantage, le cuivre de ses yeux redoubla d'intensité et son ossature
fut renforcée. Mais il hérita aussi du gène poil long de ses sauveteurs. Pendant
longtemps, il naquit donc de temps en temps des chatons à poil long dans des
portées British, et pendant longtemps ils furent honteusement supprimés.
Aujourd'hui, ces petits indésirables sont reconnus comme une variété de British
à part entière, à laquelle on a donné le nom de British Longhair, ou British à
poil long. Une féline guerre de cent ans La
confusion des races ne devait malheureusement pas s'arrêter là pour le British.
Première race britannique, il devait connaître un sort plus complexe en Europe
continentale où il fut confronté au Chartreux. En effet, le British Shorthair
est accepté dans toutes les couleurs possibles pour un chat domestique, mais la
plus connue et la plus demandée par le public, est le bleu, ce bleu justement
emblématique du Chartreux. Dans ce qui ressembla à une espèce de guerre de Cent
Ans féline, la Fédération Féline Internationale -la FIFé- tarda à distinguer les
deux races et entretint une confusion préjudiciable pour chacune d'elles, les
pedigrees des uns et des autres s'entremêlant. Il fallut attendre 1979 pour que
la FIFé reconnaisse le British et le sépare définitivement du Chartreux. Mais
pour ce dernier, le mal était fait. Heureusement pour le British, le stock génétique fut suffisant pour
répondre à cette ultime attaque, d'autant qu'à l'étranger, en Allemagne, aux
Pays-Bas ou aux Etats-Unis, le Chartreux n'avait pas la même popularité qu'en
France. Atoum
de Samelise Fourrure de nounours sous muscles d'acier
On
compare souvent le British à une peluche et ce n'est pas usurpé tant sa fourrure
moelleuse comme un tapis de haute lisse laisse glisser les doigts entre chaque
poil laineux. Un British, c'est un appel aux caresses, une boule d'amour, un
souvenir d'enfance, une petite madeleine. Qui n'a pas encore vu un chaton
British ouvrir grands ses yeux comme pour crier « c'est moi que tu dois aimer !
», a manqué sûrement quelque chose. Admirez la fourrure ! Les mâles ont des joues puissantes. Dans le British, tout est
rondeur. Sa tête n'a aucun angle, aucune aspérité qui pourrait arrêter le
regard. Elle n'est pas aussi plate que celle de l'Exotic Shorthair, le Persan à
poil court avec lequel il a des ancêtres communs, et son petit nez busqué et
court doit respecter l'harmonie générale du visage. Les yeux grands, ronds et
bien ouverts sont orange, verts ou bleus selon la couleur de la robe, mais
toujours d'une couleur intense. Les oreilles sont moyennement grandes et
arrondies à l'extrémité. Les mâles, quand ils sont adultes, ont des joues très
développées qui renforcent encore la rondeur de la tête. Pour être des peluches, les British ne sont pas des mauviettes.
C'est même tout le contraire. Bien bâtis, ils ont une forte encolure et un corps
puissant, avec une poitrine bien ouverte et une ossature solide. Les mâles sont
très reconnaissables des femelles et peuvent peser une fois et demi plus
qu'elles. Sans être envahissants, les British sont des chats toujours
présents qui aiment accompagner les humains dans leur vie quotidienne. Leur
présence apaise les plus angoissés et quand ils s'éveillent et jouent avec un
brin de laine comme des chatons, ils font sourire les plus
réticents.
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